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Quel beau métier, professeur !

Quel beau métier, professeur !

La face cachée du beau métier d'enseignant vue par Bob Leprof, en direct live d'un collège niçois. Plongée sans concession dans le monde merveilleux du collège inique (ta mère).


L'intérêt de l'enfant à la sauce ministérielle

Publié par Bob Leprof sur 22 Avril 2015, 16:00pm

11 semaines de cours d'affilées, pour le bien de l'enfant

Le bouleversement des rythmes scolaires dans le primaire, depuis la rentrée 2014, m'avait laissé sans voix. L'annonce par Mme Vallaud-Belkacem du calendrier scolaire 2015/2016 m'a permis de la retrouver.

Pour commencer par la forme de la réforme, celle des rythmes scolaires du primaire a été préparée par deux ministres de l'Education nationale successifs (Peillon puis Hamon) qui se sont tous deux barrés sans jamais faire la moindre rentrée, surtout pas celle marquant la mise en place de leur propre réforme. Ça fleure bon le sérieux et la conscience professionnelle. Mais, ça tombe bien, il y a Najat qui traîne au droit des femmes, de la ville, de la jeunesse et de je ne sais plus quoi, on va lui refiler le bébé...

Sur le fond, ensuite, le bénéfice de cette réforme saute aux yeux. Il est bien évident que 45 minutes de cours quotidien en moins va améliorer la vie et les résultats des petits sauvageons. Peu importe que ce soit au prix de la suppression d'une matinée libre coupant la semaine en deux et permettant jusqu'alors la pratique d'activités sportives ou artistiques. De plus, l'intérêt des activités périscolaires mises en place par les mairies pour combler ces 45 minutes de trou va dépendre grandement de la qualité des intervenants recrutés, parfois peu qualifiés, toujours sous-payés (au contraire des profs qui, à côté, le sont grassement). A ce sujet, je fais confiance à l'esprit innovant de l'Education nationale pour baptiser une activité de trap-trap dans la cour par un « découverte de l'espace spatio-temporel » plus en accord avec la majesté des lieux.

Bon, soyons clairs, la durée totale de la journée ne va pas foncièrement changer. La majorité des élèves devra continuer à poireauter jusqu'à 18h/18h30 avant qu'on ne vienne les chercher à la garderie, pardon, à l'étude, comme avant la révolution. Donc, sous prétexte de raccourcir (la journée), on rallonge (la semaine). Quel progrès !

Lorsque cette réforme a été annoncée, j'ai été plutôt discret. Crainte, étant juge et partie, de me voir taxer de partialité, suspecter de ne penser qu'à ma gueule et pas à l'intérêt des enfants. Ce qui est effectivement le cas, je dois l'avouer. Je l'ai donc fermée, ma gueule. C'est très mal vu de penser à soi avant de penser à l'intérêt des enfants (plus que jamais au cœur du système éducatif !).

J'ai donc subi sans broncher le déferlement d'experts pédo-psy, spécialistes de l'enfance, des rythmes biologiques et de la communication expliquer sur tous les plateaux télé le bénéfice extraordinaire qu'allaient tirer de cette modification des rythmes scolaires nos chères têtes brunes. Je ne suis pas spécialiste de l'enfance, je suis seulement prof. Mais j'ai douté, sans bruit.

L'annonce récente par Mme Vallaud-Belkacem du calendrier scolaire 2015/2016 a levé mes derniers doutes quant à la pureté des motivations qui habite ce ministère. Et mis fin à mon silence. Chaque année, j'attends avec grande impatience cette publication annoncée, beaucoup plus que le prix Goncourt, très surfait. Cette année, tout particulièrement, je n'ai pas été déçu. Pour la zone B, celle qui a ma préférence car étant la niçoise, la dernière période de travail ne sera plus de 7 semaines en moyenne, comme il était d'usage, mais de 11 semaines et 2 jours (!). Du 18 avril au 5 juillet, très exactement. En fin d'année scolaire, en pleine chaleur... J'attends de pied ferme et avec impatience tous ces pseudos experts encartés au ministère venir nous expliquer que ces rythmes là sont définis, une fois de plus, dans l'intérêt des enfants (plus que jamais au cœur du système éducatif !). Ça aura au moins le mérite de faire rire les professionnels du tourisme.

L'intérêt de l'enfant à la sauce ministérielle
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